L'initiative de Jean Guerreschi vaut vraiment d'être saluée. Son ancien éditeur (Julliard) pas
plus que son actuel éditeur (Gallimard) ont refusé de rééditer "Montée en première ligne"
(1989), formidable roman mettant en scène une foule de personnages saisis sur le vif en
juin-juillet 1914 au moment de l’attentat de Sarajevo et des semaines qui suivent. Et ce,
malgré l'occasion commémorative ! Aussi a-t-il décidé de le mettre progressivement en ligne,
chapitre après chapitre, à partir du 25 juin sur un site qu'il a créé à cet effet. Allez-y la
semaine prochaine, vous verrez, c'est saisissant.
jean-guerreschi.com
https://fr-fr.facebook.com/larepubliquedeslivres
L'écrivain Jean Guerreschi va publier en ligne, sur son blog, à partir du 25 juin, son roman Montée en première ligne, dans lequel Victor Segalen tient une grande place. Le roman a paru en 1988 chez Julliard, et a reçu le prix de l'Humour noir, prix de la Société des gens de lettres), mais le roman est aujourd'hui épuisé.
Segalen y est présent dès le second jour, le 26 juin, et pratiquement tous les jours suivants.
Voici une présentation de l'auteur :
« Le roman suit les notes du Voyage au pays du Réel avec des éléments d’Equipée. Outre mon admiration pour l’homme et pour son style, l’intérêt de sa présence pour moi dans le récit provient de ce qu’il rythme l’action par sa marche continuelle, émerveillée et douloureuse. Il est par ailleurs très loin du théâtre des opérations à venir et, en même temps, proche "du dedans" car il regarde la mort de près en la personne du Père Monbeig (la réflexion sur le cadavre est donnée dans trois versions très proches le même jour), fonctionnant ainsi comme contrepoint émotionnel et poétique du récit susceptible d’en déplacer le centre et d’y renvoyer sans cesse.
J’espère que le texte, qui a aujourd’hui un quart de siècle, ne décevra pas vos attentes. »
Publié par Ph. Postel à 15:16
http://associationvictorsegalen6.blogspot.fr/2014/06/segalen-personnage-de-jean-guerreschi.html
Humeurs 2011-2013 de Giangi Régnier - Free
giangi.free.fr/humeurs_11-13.html
Un roman inoubliable
18 juin 2014 Ça m'éblouit |
Or ma lectrice la plus fidèle, comme moi farouche admiratrice de cet ouvrage, me signale que, son éditeur refusant de rééditer son roman, Jean Guerreschi a décidé de le republier
in extenso sur le net. Je le répète, c'est un scandale que ce roman, à mon sens le plus grand publié en France depuis un quart de siècle, ne soit pas réédité, même en poche
! |
(1) La mort de Jaurès est aussi décrite dans le très bel ouvrage d'Éric Vuillard, La bataille d'Occident, Actes Sud, 2012.
Tout l’été 1914 au jour le jour
Publié le 01-07-2014 à 12h26
Mis à jour le 02-07-2014 à 18h05
Jean Guerreschi est l’auteur d’une somme romanesque de 1400 pages, qui court du 25 juin au 31 août 1914. Comme elle n’est pas rééditée, il la met en ligne sur son site.
À lire sur Internet
Il y a cent ans, le 1er juillet 1914, André Gide «traîna toute la journée un mal de tête qu'il qualifia d'‘‘humiliant’’» et «à Paris, la température atteignit 32°C, dépassant largement la moyenne saisonnière.» Ces anecdotes, on les doit à Jean Guerreschi, «écrivain mineur», «peu lu en France» et «jamais traduit à l’étranger», comme il l’écrivait lui-même en 2003 dans son auto-épitaphe pour le «Dictionnaire des écrivains par eux-mêmes» de Jérôme Garcin (Mille et une nuits, p. 206).
Il est pourtant l’auteur d’une dizaine de romans, parmi lesquels «Montée en première ligne» (Julliard, 1988) et «Comme dans un berceau» (Julliard, 1990), qui racontent quotidiennement et sans la moindre interruption les périodes allant du 25 juin au 27 juillet 1914, puis du 27 juillet au 31 août. Une fresque d’environ 1400 pages dans laquelle se rencontrent une multitude de personnages, réels ou fictifs.
Mais voilà, derrière la grande Histoire, il y a la petite. Derrière la Grande guerre, la petite bataille menée par Jean Guerreschi pour faire vivre ses ouvrages. Alors que 2014 est, comme chacun sait, l’année du centenaire de la Première Guerre mondiale, son éditeur a refusé de publier en poche ses livres, dont toutes les éditions sont aujourd’hui épuisées. Pour cette raison, l’écrivain met donc en ligne depuis le 25 juin, sur un site qu’il a spécialement créé pour l’occasion (http://www.jean-guerreschi.com), les deux premiers chapitres de «Montée en première ligne» (322 pages au total).
Certains jours, des versions anglaise (traduction d’Anna Hope) et espagnole (Ariel Dilon) seront proposées au lecteur. Guerreschi a également publié le post-scriptum de l’édition de 1988, une chronologie des passages disponibles et la liste des 132 protagonistes croisés au détour des pages, en indiquant éventuellement l’âge qu’ils avaient en 1914. Parmi eux, donc: André Gide, 45 ans, Rainer Maria Rilke, 39 ans, Segalen, 36 ans, Kafka, 31 ans, James Joyce, 32 ans ou encore le jeune Eric Arthur Blair, 11 ans, plus connu sous son nom de plume, George Orwell. Excusez du peu.
Chloé Thibaud
Dimanche 31 janvier 2016
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Un livre
On peut se faire une autre idée de la vie quotidienne de cette préapocalypse joyeuse avec le livre Montée en première ligne de l’écrivain français Jean Guerreschi. La somme raconte au jour le jour les événements allant du 20 juin au 31 août 1914, tout l’été, sans interruption, une fresque de quelque 1400 pages.
Le parpaing façonné il y a plus d’un quart de siècle a été découpé en trois sections, mais étrangement seules les deux dernières intéressèrent l’éditeur Julliard en 1988. Aucun autre ne s’est laissé tenter par la réédition malgré le centenaire de la commémoration.
L’auteur a donc décidé de diffuser gratuitement, sur son blogue, les deux premiers chapitres totalisant tout de même 322 pages, le post-scriptum de l’édition originale et une liste des 132 principaux protagonistes dont Rainer Maria Rilke, Kafka, Joyce et le jeune George Orwell alors âgé de 11 ans.
Et alors ? Les pages du 1er juillet donnent par exemple ceci : « [André] Gide traîna toute la journée un mal de tête qu’il qualifia d'» humiliant ». Dans le train qui l’amenait à Orsay, il régnait la même chaleur écrasante qu’hier. Néanmoins, peut-être à cause de sa céphalée, ou parce qu’il n’avait aujourd’hui aucun point de comparaison dans la nature, il ne trouva pas les hommes du train aussi laids que ceux de la veille (nous écarterons l’hypothèse que les Parisiens fussent plus beaux). Du moins, il ne pensa pas à le noter. « Pourquoi je note tout cela ? » devait-il s’interroger plus tard. « Uniquement par peur d’interrompre », fut sa réponse. Il l’avait déjà écrit le 27. »
Et ça continue. On apprend par exemple dans ce journal romancé de l’Europe qu’il faisait canicule là-bas il y a un siècle exactement, comme le 1er juillet 2014 de ce côté-ci de l’Atlantique Nord. « À Paris, la température atteignit 32 °C, dépassant largement la moyenne saisonnière, écrit Jean Guerreschi. On parla de chaleur « tropicale ». On recensa des insolations. La vague des noyades se poursuivit un peu partout, et, de-ci de-là̀, on vit apparaître des suicides par pendaison, en majorité́ masculins. Celui d’un homme de trente-neuf ans à Mesnil-Jourdain, d’un autre de quarante-huit ans à Quessy, d’un troisième de soixante-quatorze ans à Nouvion-et-Catillon. A Etretat, c’est un chef de cuisine qui se pendit dans sa chambre et à Lillebonne une jeune fille de dix-huit ans, prénommée Yvonne. »
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